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RESTITUTION DE LA RÉUNION DU 18 JUIN 2015

EXPRESSION, ATTENTES, INTERROGATIONS... DES PERSONNES PRÉSENTES

 

Les paroles ont été volontairement anonymisées, elles sont retranscrites d’après des prises de note.

 

Introduction (prises de paroles de 5 initiateurs de la démarche)

 

  • La fracture sociale, l’exclusion, la non-reconnaissance de la diversité culturelle se propage dans tous les secteurs de l’activité. Il s’agit de mettre en résonance nos discours sur l’art et la culture en accord avec le contexte et les sensibilités contemporaines. L’action publique doit donner un rôle central aux manières d’être, de faire, et aux sensibilités, c’est-à-dire à la culture. La crise de la société française (sociale, économique et politique) est d’abord d’une crise culturelle. C’est sur elle qu’il faut agir collectivement.

  • La nécessité est de réfléchir collectivement et en conscience sur l’état des lieux de la production de la culture et de l’art en connaissance des causes de la crise et des leçons du passé.

  • Le fossé est historique entre le domaine du socio-culturel et le secteur d’intervention des pouvoirs publics qualifié de culturel. Il devient impératif de dépasser cette séparation et de proposer d’autres politiques à partir de valeurs à redéfinir .

  • Constat d’un grand écart entre les acteurs culturels et les modalités de l’engagement des militants politiques.

  • Bouleversement des pratiques artistiques, du désarroi et de la souffrance des artistes devant la crise économique et le retrait des pouvoirs publics quant à l’importance accordée aux pratiques culturelles. Vœu pour que les questions en jeu sur les relations entre pratiques culturelles et création artistique puissent être partagées entre les artistes, les professionnels de l’éducation populaire et du secteur culturel, les élus, les technocrates des collectivités territoriales... et les amateurs et usagers des pratiques. L’enjeu est de (re)donner une place au Citoyen.

    Après une rapide identification à main levée sur la situation professionnelle des présents (artiste, acteur culturel, gestionnaire et administrateur d’équipes, militant de l’Éducation populaire, ...), chacun des présents est invité à exprimer ses raisons d’être là, ses motivations, ses interrogations...

    L’expression, les attentes, les interrogations... des présents

  • Un malaise sur le plan local, des déceptions, des difficultés vis-à-vis de l’action de la municipalité sur le plan culturel et socioculturel. Il s’agit d’aider la municipalité à trouver les voies dont certaines sont évoquées dans le texte, Devoir de culture. Il convient également de traiter les urgences budgétaires (celles du budget 2016) qui apparaissent comme très difficiles.

  • Un artiste et militant associatif fait part de son expérience : 50 ans de rêve sur les possibilités de l’action publique culturelle/ 50 ans de déception. Il est temps pour lui de se poser les questions de l’action artistique et culturelle avec de nouveaux paramètres et une autre façon de voir. Le monde politique ne le fait pas ; c’est aux acteurs de le faire. Il témoigne des souffrances, des carences, du désespoir engendré par le déficit culturel dans la vie des personnes. C’est à nous d’être les passeurs des inégalités, des exclusions, des stigmatisations culturelle... Sinon c’est la barbarie qui dominera. Il réclame qu’on se mobilise pour des Assises et non pour une colloque ou un séminaire de plus.

  • Information sur l’action du groupe des acteurs culturels engagés dans une réflexion sur le périmètre de la compétence culturelle que devrait définir la Métropole en 2016. Les professionnels de ce collectif, qui regroupe les responsables des équipements culturels de l’agglomération, ont une place à prendre pour remplir une partie du vide politique sur ces questions qui ne sont pas abordées publiquement. D’autres regroupements existent, notamment syndicaux. Il y a un impératif d’information réciproque, voire de coordination entre ces initiatives et la nôtre dans la mesure où nous partageons un diagnostic qui reste à établir et un sentiment d’impuissance

  • Un plasticien exprime l’idée que nous sommes aujourd’hui placés devant un carrefour des possibles, y compris le pire. Il situe la situation française et l’état de sa démocratie dans le cadre « d’une guerre civile mondialisée ». Il nous rappelle, sans vouloir faire des comparaisons, la situation des années 30 où certains discours populistes, qui pouvaient venir du mouvement socialiste, se sont progressivement tournés vers le fascisme. Il ne s’agit pas d’établir des analogies mais de noter des déplacements idéologiques : le discours raciste, stigmatisant du FN pollue le discours des politiques. L’urgence serait de conduire une bataille des idées, donc une bataille culturelle.

  • Une professionnelle du secteur culturel a le sentiment sur le plan professionnel d’être enfermée dans des schémas. Elle se demande si on a encore besoin de nous, de nos compétences. Est-ce qu’on attend de nous quelque chose d’autre que l’application de schémas ? L’urgence pour elle est d’échapper à ce piège de la diffusion d’une culture élitaire pour tous qui n’a plus grand sens.

  • Une personne du secteur de la musique a le sentiment de travailler dans un système proche du centre commercial qui diffuse des produits formatés. Comment échapper à la culture à deux vitesses alors que de nouvelles pratiques naissent ici et là ? Comment mettre en œuvre une mutualisation, au-delà des matériels, c’est-à-dire s’inscrire dans une mutualisation des idées, des thèmes, des événements ?

  • Une personne qui travaille dans le secteur social avec des personnes “défavorisées” qui n’ont pas l’occasion de faire appel à leur imaginaire ou qui se l’interdisent. La question première pour elle est de lever les barrières qui empêchent de mettre en œuvre des pratiques artistiques et culturelles sur le terrain social.

  • Un responsable d’une structure de programmation musicale note que nous nous trouvons placés à un moment charnière. Le monde a profondément changé. Les points qu’il nous faut aborder sont relatifs au fossé entre les deux conceptions : démocratisation culturelle et démocratie culturelle. Il devient impératif de dépasser cette alternative et de s’occuper des questions que pose le texte. Ces deux modèles sont en train d’être détruits par les collectivités territoriales par négligence. Il se demande quelle est la stratégie à développer pour répondre à ce constat. Les rapports entre les associations, les collectifs artistiques, les élus se transforment. Nous en sommes de plus en plus considérés comme des prestataires de service mis en demeure de répondre à des appels d’offre.

  • Une militante associative. Sans être artiste de profession, elle se sent “artiste”. Elle constate que pour ce qui concerne les préoccupations de la population de son quartier, la Villeneuve, relatives aux discriminations, les habitants reçoivent des réponses des pouvoirs publics qui se caractérisent par la technicité. Pour elle l’urgence est de l’ordre de la relation. Il s’agit trop souvent de demeurer dans une participation qui privilégie le politiquement correct et la réponse verticale. Alors que l’attente serait d’emprunter des chemins avec l’accompagnement des artistes et de construire une relation horizontale dans une construction vraie.

  • Une chercheuse ne comprend pas ce qui constitue le fondement ou l’orientation de la politique culturelle de la municipalité. Pour elle, la notion même de culture est devenue floue dans les perspectives des politiques. Elle note l’autisme vis-à-vis des exigences sociales de la part d’un milieu qui depuis plus de trente ans s’est professionnalisé et dans lequel la technocratie culturelle marque de tout son poids et son inertie. La démocratisation culturelle et la démocratie, tout cela ne marche plus. Suggestion de se pencher à nouveau sur la question : « Qu’est-ce que la culture ? » au plan de l’action publique.

  • Un militant associatif estime que les milieux culturels, tout comme la politique culturelle, sont indifférentes aux pratiques de jeunes. Les logiques financières, les logiques d’équipement reprennent le dessus. Il estime qu’il y a une réelle difficulté à parler de ces questions. Ne faut-il pas remettre en débat le “pourquoi” et le “comment” des aides publiques ?

  • Un autre militant associatif constate l’existence à Grenoble d’une grande effervescence des initiatives associatives, des formations, des pratiques... Comment exploiter ces richesses ?

 

La discussion se poursuit à partir du sens de la démarche qui est à construire à partir de cette première réunion.

 

Perspectives : que faire ensemble ?

 

  • Un enseignant et concepteur s’interroge sur les thématiques, objets du débat. La question de la forme “colloque” se pose, dans la mesure où elle n’est pas la plus pertinente pour échanger et construire ensemble. Pour cela, il faut prendre le temps et d’abord construire ensemble les formes de la discussion. Quelles questions doit-on se poser “ici et maintenant ” ? C’est un moment politique important que de se poser la question de la méthode à construire pour poser ces interrogations, élaborer de nouveaux questionnements (changer de paradigme ?) ; proposer de nouvelles alternatives.

 

 

La discussion se poursuit sur ce thème avec des remarques sur la nécessité de mieux définir les intentions du collectif qui doit se mettre en place dans la perspective de concevoir et d’organiser la rencontre du 23/24octobre.

 

  • Un militant politique estime que depuis un an nous n’avons pas beaucoup avancé. Il estime qu’il faut s’engager dans un travail qui n’a pas été réalisé par la municipalité. Il s’agit pour lui de faire irruption — irruption citoyenne — et de s’inscrire dans un rapport de force.

  • Un enseignant remarque que les processus, ou les produits culturels, sont au centre de l’économie et que les politiques ne le voient pas.

     

La discussion se poursuit sur la nécessité de construire ensemble un chemin.

Faut-il, peut-on, définir une stratégie alors que les objectifs de notre démarche ne sont pas suffisamment définis ?
En tout cas, l’idée se dégage que nous ne voulons pas nous situer dans l’instrumental ou le fonctionnel dans l’examen des pratiques culturelles. Il s’agit de penser l’humain, de rester dans l’humain, c’est-à-dire dans la relation entre les personnes.

 

Pour la suite…

L’ambition est aussi de trouver des convergences avec d’autres personnes et associations : nous voulons nous inscrire dans un processus de compagnonnage de route, de pensée, de cœur.

 

Les personnes présentes :

Christophe BOICHOT, Marime BOUILLON, Laetitia BOULLE, Jean CAUNE, Jessica CECON, Pascale CHAUMET, François DECK, Cédric DEFFRASNES, Ali DJILALI, Chedly EZLLOUMI, Bahija FERHAT, Guiseppe GAVAZZA, Myriam GEISER, Michel GILBERT, Perrine HANNE, Justin JAY, Raphaël JUY, Nadia KIRAT, Dominique LAIDET, Alexandre LAMOTHE, Willy LAVASTRE, Alain MANAC'H, Thierry MENNESSIER, Jean-Pierre MERLO, Charlotte MEURISSE, Nicolas MOIROUD, Marie-France MONERY, Philippe MOUILLON, Isabel OED, Marie-Françoise PAGNEUX, Bertrand PETIT, Mireille PONGY, Christine PRATO, Claude PROUST, Nicole PROUST, Catherine SILVENT, Isabelle SOUCHAY, Benoit THIEBERGEN, Henri TOUATI, Marianne TOURNON, Benjamin TROCMÉ 

 

 

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