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 RÉSUMÉ-
Plus de 40 personnes ont participé au Forum dans les locaux de Solexine - association qui permet à des personnes fragilisées d’accéder à des pratiques artistiques et culturelles dans une approche souple, ouverte et dynamique, respectant la spécificité de chacun.

Avec :

  • l'intervention de Christelle Blouët, coordinatrice du réseau culture 21, pour introduire la journée.

  • deux ateliers pour confronter les témoignages d'acteurs locaux de l'éducation populaire : Faoudi Abdel  de la MJC  Saint-Martin  d’Hères, Jouda Bardi et Cindy Drogue de l'Université populaire de la Villeneuve, Matthieu Warin de la Maison des habitants Chorier-Berriat, Brahim Rajab du Prunier Sauvage, Mustapha Ferkous de Dcap, le service "développement culturel arts et poésie" de la ville d’Échirolles, et la présidente de Solexine, Emmanuelle Moy, et des adhérents.

  • la clôture de la journée par Éric Favey, de la ligue de l'enseignement (grand témoin).

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Les Droits Culturels,

un avenir

pour

L’éducation populaire

SAMEDI 21 janvier

9H30-16H30

Solexine

10 rue Ampère - Grenoble

 COMPTE-RENDU-

Les droits culturels,  un avenir pour l’Éducation populaire

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Rappel des intentions du Forum
Les associations, structures, réseaux qui se revendiquent de l’éducation populaire, portent les questions du lien entre culture et société, que ce soit dans la reconnaissance de la culture de chacun, dans sa recherche d’espaces de paroles dignes pour tous ceux qui sont éloigné des institutions. C’est bien de la construction d’une nouvelle vision des politiques publiques dans le champ de la culture qu’il s’agit de débattre : construire un espace du « commun » comme un axe de l’éducation populaire, comme vecteur des droits culturels.

Près de 40 personnes étaient présentes tout au long de la journée, et pas toujours les mêmes.  De l’avis des présents, les prises de parole, les interventions des invités et les exposés des deux témoins ont été riches et divers.


De quoi sont faits les droits culturels ?
Dans son intervention préliminaire, Christelle Blouët, coordinatrice du réseau culture 21,  précise la notion de « droits culturels ». Ces derniers font partie des droits de l’Homme. En France, cette expression, et ce qu’elle recouvre, exige d’être explicitée, car elle est bien souvent mal comprise.  Notamment, en raison d’une conception restrictive de la notion de culture et de l’idée étroite qu’une politique culturelle se résume à l‘accès à la culture (démocratisation culturelle).
    Pour Christelle Blouët, il faut s’emparer de l’idée des droits culturels et montrer comment on peut les rendre concrets. C’est l’objectif du Réseau culture 21, dont elle est la coordinatrice. Cette volonté s’est mise en œuvre avec un certain nombre de Conseils généraux (Nord, Ardèche, Gironde…). L’enjeu, pour ces collectivités territoriales est de dépasser l’opposition action culturelle/action sociale. Pour ce faire, il faut introduire les droits culturels, liés à la personne, dans l’action sociale. ; en retour, l’action publique en matière culturelle et artistique doit se préoccuper de son insertion sociale et être attentive aux pratiques des droits. En somme, toutes les politiques publiques doivent prendre en compte la dimension culturelle, bien au-delà de la fréquentation des équipements artistiques et des œuvres.
     Sur le plan des principes et sur celui de la démarche concrète, les droits culturels sont au fondement des droits de l’Homme (de la personne) et non au bout du chemin. Ils se présentent contre l’enfermement identitaire communautaire ; ils reconnaissent et respectent les droits de l’autre. C’est en cela qu’ils sont, à la fois, de l’ordre de l’individuel et de l’ordre universel. Il ne s’agit pas de se contenter de cultures juxtaposées mais de mettre l’accent sur la liberté de chacun de se choisir dans la diversité.  Pour cela, il faut créer des espaces de confiance et de reconnaissance.

  • Comment alors, dans l’action concrète, créer les conditions d’expression des personnes dans les propositions d’action artistique et culturelle ?

  • Quelle place donnée à l’interaction entre les personnes ?

  • Comment participer à la construction d’une culture commune, c’est à dire :

    • Prendre part ; apporter sa part ; recevoir sa part.

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Après cette introduction, les participants se répartissent en deux groupes pour confronter ces questionnements aux témoignages d'acteurs locaux de l'éducation populaire.  

Atelier A
Faoudi AbdelMJC  Saint Martin  d’Hères ()
Selon Faoudi, les  jeunes avec qui il est en contact sont loin de la « culture » ou du moins de la culture légitime. Il s’agit de les accompagner dans leur désir de connaître, de se reconnaître, de s’exprimer… Si les actions d’éducation populaire disparaissent, c’est la respiration même dans le quartier qui serait perdue. Différentes questions sont formulées : comment modifier l’image du quartier Renaudie, après les deux meurtres qui s'y sont produits ? Comment faire pour que les “jeunes” ne soient plus spectateurs ? comment lutter contre la violence ? Avec l’aide de J.-Cl. Mahaya, de son expérience de la prison et du spectacle qu’il en a tiré, une trentaine de jeunes se sont progressivement emparés de ces questions. Cela a débouché sur un court métrage qui donne la parole à des jeunes pour qu’ils mettent en récit ce qu’il sont, ce qu’il vivent, ce qu’il éprouvent devant les préjugés auxquels ils sont confrontés.
     À partir de ce témoignage, filmé sur la base d’improvisations, les jeunes se sont reconnus. L’enjeu aujourd’hui étant de “Faire ensemble” et d’impliquer les familles. Ils ont ensuite organisé un voyage à Molenbeek pour partager avec d’autres jeunes leurs expériences

Université populaire de la Villeneuve (Jouda Bardi et Cindy Drogue)

  • Des espaces d’expression existaient à la Villeneuve dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui, les propositions arrivent d’en haut, toutes bouclées. Il faut reprendre les questions relatives à la crise du travail et à celle de la jeunesse. Les thèmes qui se sont imposés sont ceux de la ghettoïsation des quartiers populaires, de la liberté d’expression et des questions géopolitiques.

  • L’objectif des débats mis en place n’est pas d’apporter des connaissances venues d’en haut, mais de construire des espaces de discussion, de confrontation. Il s’agit de partir de témoignages, de  “restitutions” mises en forme (théâtre, vidéo, récits…).

  • La méthode étant celle du dialogue, d’aller-retour des témoignages et des paroles. La parole est prise par les habitants sur des questions qui leurs sont proches.

L’expérience de l’université populaire de la Villeneuve est une réponse à la “municipalisation” de l’éducation populaire, telle qu’elle s’est, de fait, concrétisée à la Maison des habitants ; elle est aussi une réponse à la sectorisation, la spécialisation, la segmentation des activités associatives.

Mathieu Warin ( Maison des habitants Chorier Berriat)
    Il faut sortir de la logique qui consiste à remplir le vide, comme si les personnes n’avaient pas de culture et qu’il fallait leur montrer les voies d’accès à La Culture.
La “Maison des habitants” n’est pas là pour apporter de la culture : elle doit être le lieu où se croisent et s’enrichissent les pratique de diffusion, d’accès, des métiers du social. L’enjeu de la rénovation de l’éducation populaire ne passe pas par la gestion des équipements : elle relève de l’engagement dans la vie collective, du questionnement du citoyen  pour construire un objet politique (un objet partagé dans la vie de la cité). Cette rénovation passe par l’écoute, la formulation du conflit, le débat.
La clé de cet engagement passe par la mixité (au sens large) des participants, des expériences, des générations, des mémoires…


Atelier B

Brahim RajabPrunier Sauvage ()
Le Prunier Sauvage est un espace de dialogue, d'expression, ancré sur le territoire; avec l'objectif de lutter contre l'assignation sociale et culturelle et l'uniformisation des pratiques.
Actions en lien avec le thème des Droits culturels : Le club des spectateurs, rendez-vous mensuel avec des artistes autour d'un plat que chacun apporte ; l'orchestre des enfants, projet d'éducation et de pratique musicale pour les enfants du quartier et le cycle de débats – rencontres «Démocratie en chantier».
Difficultés rencontrées : le Prunier sauvage est à l'articulation du culturel et du social et il n'y a pas de service référent à la Mairie. Le service culturel est très marqué par la quête de l'exigence artistique, de la qualité. Les services sociaux sont des chasses gardées. Absence de liens avec le Plateau. Problème de segmentation des publics dans (et par) les différentes activités.

Dcap (Mustapha Ferkous
Dcap, comme "développement culturel arts et poésie" est un service de la ville d’Échirolles qui fait partie du pôle d'innovation artistique Pollen aux côtés notamment de la Maison des Écrits.
Dcap accompagne les habitants dans leur envie de démarrer une pratique artistique et dans leurs projets amateurs (mise à disposition de locaux, organisation de stages, suivi par des professionnels, participation aux événements de la Ville...)
Dcap met en place des espaces d'expression et impulse des projets ouverts à tous :

  • Les Z'Ans-Chanteurs : Création collective d'un spectacle avec les artistes amateurs de la ville.

  • Le Studio Mobile : un bus passe récolter la chanson qui vous trotte dans la tête.
    Difficultés rencontrées : Comme précédemment, c'est le clivage social/culture qui est pointé du doigt

 

Emmanuelle Moy et des adhérents, Solexine

L'association Solexine a pour objectifs de :
- Permettre à des personnes fragilisées d’accéder à des pratiques artistiques et culturelles dans une approche souple, ouverte et dynamique, respectant la spécificité de chacun,
- Construire/reconstruire des liens entre les personnes ; favoriser la confrontation entre des identités différentes pour créer des richesses d’échange au delà des aspects économiques,
- Valoriser les personnes à travers la mise en lumière de leurs créations qui sont sources de reconnaissance, de reprise de confiance en soi, d'ouverture aux autres,
- Favoriser l'insertion dans la société, qu’elle soit culturelle, professionnelle ou citoyenne par l’expression, le travail collectif, la prise d'initiatives et de responsabilité dans l'association et son fonctionnement.
Solexine accueille prioritairement des personnes adultes qui se trouvent confrontées, de manière ponctuelle ou durable, à des difficultés économiques, sociales, psychologiques et qui désirent pratiquer une discipline artistique dans ce cadre collectif.
La diversité des situations et personnes accueillies participe de l’équilibre et de la réussite de Solexine, dont l'action s'articule autour de 2 axes principaux :

  • les ateliers hebdomadaires où se créent des repères qui permettent aux participants de  construire leur propre progression.

  • les événements (expositions, lectures, récitals de chant, de contes, fêtes) qui permettent de partager les productions des ateliers lors d'un temps festif.

À Solexine, on vient avec ce qu'on est. La pratique artistique permet de sortir des positionnements sociaux..., de retrouver l'estime de soi dans un cadre où la bienveillance est la règle.

Le débat : quelques réflexions

  • Il manque d'espaces « d'inter » ; il y a trop d'entre-soi.

  • Pas de reconnaissance par les politiques publiques de « la rue » et de ce qui s'y passe ; risque de récupération...

  • Développer une approche « oblique » pour échapper à la dualité vertical/horizontal.

  • Qu’est-ce que ça veut dire « le public » ?

  • On a finalement beaucoup parlé de la dimension artistique de la culture et assez peu des autres dimensions présentes dans l'approche par les droits culturels : représentations, valeurs, etc..
     

Restitution des ateliers : les constats et les objectifs

  • Segmentation des pratiques et des publics.

  • Combler l’écart,  l’absence de relation, le vide de l’entre-deux : action sociale et action culturelle.

  • Échapper  à la dualité : dimension verticale de l’offre /horizontalité des relations entre-soi.

  • Sortir de l’alternative : l’offre/la demande (ou le besoin), la culture pour chacun/la culture pour tous ; dehors/dedans etc.

  • Faire vivre les droits culturels en échappant aux cloisonnements des pratiques artistiques, des langages et de leur dispersion.

  • Reconnaissance et légitimité des pratiques expressives et de la prise de parole.

  • Favoriser l’expérimentation qui permet, et autorise la créativité.

  • Ça n'a pas de sens de parler de public, en général. On est toujours public de quelque chose. Croiser et hybrider les publics.


Cloture de la journée

par Éric Favey (grand témoin)
    Les paroles entendues ce matin évoquent et croisent les préoccupations de l’Éducation populaire, dans son “canal historique ”, c’est-à-dire les pratiques d’éducation citoyenne de l’après-guerre et des années soixante. Avec la crise, économique, sociale et politique, on est passé à l’ère de la sous-traitance de l’action publique. Ce phénomène, traduit par des offres et des prestations de service, est significatif de l’impuissance de l’État et des collectivités territoriales.
    Ce processus d’institutionnalisation des services s’est accompagné d’un dessaisissement (de soi, du collectif). Il faut relancer les questions du rapport entre les anciennes formes de l’éducation populaire et celles qui apparaissent, sans d’ailleurs se référer ou se définir par rapport à l’éducation populaire, mais qui visent à favoriser l’autonomie et l’émancipation de la personne.

Éric Favey liste les questions qu’il faut travailler pour construire les conditions d’exercice des droits culturels :

  1. Nouer et construire le dialogue entre les « associatifs », les artistes, les élus et militants politiques  pour échanger sur les représentations du monde de la culture et des expressions artistiques.

  2. Identifier ce qui permet la reconnaissance de nos expériences culturelles vécues ; le ressaisissement de notre vie. Comment nos expériences vécues construisent-elles nos identités ?

  3. Renouveler les processus de démocratique de gestion collective de la vie de la cité.

  4. Revivifier l’institution de l’École comme lieu d’expression, de production, de relations. Examiner le fonctionnement des institutions culturelles dans leurs pratiques et leurs relations au monde social.

  5. Travailler la question du mieux vivre-ensemble dans des perspectives d’émancipation et d’autonomie des personnes.


Il s’agit de mieux maîtriser notre condition humaine dans sa finitude et la responsabilité  collective dans la conquête de droits nouveaux. Cette maîtrise devant nous permettre de passer de l’ensemencement à l’auto-organisation.
Cela pourrait être l’horizon fixé au Forum des lucioles.

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Le site Internet du forum des lucioles

souhaite Ãªtre un outil d’expression, d’échanges et de propositions. 

Il accompagne une initiative lancée à Grenoble en juin 2015.

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