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Proposition pour une politique culturelle à Grenoble

Contribution du Forum des Lucioles

Février 2020

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Préambule

Le projet culturel de la ville est un projet politique qui s’inscrit dans l'histoire et la mémoire de Grenoble et des grenoblois. Il se développe par les actions et les paroles des hommes et des femmes qui exercent ainsi leur citoyenneté. La responsabilité de l’action des pouvoirs publics résulte de la part essentielle que tiennent la sensibilité et l’imaginaire dans l’épanouissement de la personnalité et dans la construction d’un sens partagé, d’un sens commun.

Notre conception de la culture est celle de la Déclaration de Fribourg relative aux « Droits culturels » Elle recouvre « les valeurs, les croyances, les langages, les savoirs et les arts et tradition, institutions et modes de vie par lesquelles une personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu'il donne à son existence et son développement ». Dans une société fragmentée, dans laquelle les fractures s’élargissent, la culture, en particulier à travers les pratiques artistiques, est un moyen de se relier aux autres, d'être acteur de sa vie et de faire lien. 

C’est à l’heure où la société est de plus en plus traversée par des forces malignes et destructrices, par de grandes inégalités sociales et culturelles, par une plus grande rareté des moyens attribués à la culture, qu’il faut développer dans les territoires, au plus près des citoyens.nes, une politique de droits culturels qui permette de « faire humanité ensemble ».

L'enjeu du prochain mandat est de contribuer à construire cette politique de la relation, qui refuse de segmenter les secteurs de la vie publique. La question culturelle est transversale aux politiques publiques. Nous avons besoin de plus d’horizontalité et de moins de verticalité. Les élus, les services, les acteurs sociaux, culturels et d'éducation populaire, les artistes, les citoyens doivent inventer ces lieux pour débattre, pour mieux faire ensemble. 

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I. Pour une politique de la relation et de l'hospitalité  

La ville doit créer toutes les conditions pour  faciliter la mise en relation, faire du lien, faire du commun, contribuer au développement de l'accès de tous les citoyens aux droits culturels, à d'autres cultures, à la parole partagée, à la création, aux arts dans leur diversité.

La politique de la relation, c’est aussi la prise en compte d’un monde ouvert dans lequel aucune société ne peut se protéger en fermant ses frontières. Les nuages radioactifs, pas plus que le dérèglement climatique, ne connaissent ces dernières. Notre ville est diverse, c’est son histoire, ce qui fait sa richesse et sa force. La reconnaissance de la diversité, sa valorisation sont aussi le moyen d’échapper au communautarisme. L’autre n’est ni un étranger, ni un ennemi dont nous devrions nous méfier ou dont il faudrait se protéger : il est un partenaire. Si l’hospitalité est un comportement éthique, reconnu par la plupart des cultures, elle est aussi le garant pour comprendre que nous ne nous sauverons pas seuls des dangers qui menacent nos sociétés post-industrielles et notre planète.

La ville devrait soutenir la création à l'échelle métropolitaine d'une  biennale de l'hospitalité (en alternance avec celle des villes en transition ?).

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II. Éducation/éveil artistique et scientifique, en lien avec la politique de la jeunesse 

L’éducation artistique, l’éveil culturel des tout-petits sont une composante d'une politique de l’enfance.

L’expérience de l’art et de la culture est un bain culturel, où l’espace familial, les origines sont valorisés (langues, arts, cultures…), où la rencontre avec l’autre est un enjeu central, où les pratiques sociales, artistiques, humaines aiguisent la pensée, le regard et la sensibilité.

Les intervenants, les animateurs du périscolaire, de l’éducation populaire doivent être formés aux pratiques artistiques et culturelles afin de permettre aux enfants, aux jeunes de se construire dans l’altérité.

La place des écrans et des images dans notre société implique une attention particulière à l'éducation à l'image et aux pratiques du numérique.

Ces actions supposent aussi un maillage du territoire en bibliothèques municipales accessibles dès la petite enfance. Avec douze équipements répartis dans les différents quartiers de la ville, Grenoble a déjà fait beaucoup dans ce sens. La ville peut encore faire mieux, créer des passerelles plus affirmées avec le milieu éducatif ; la gratuité décidée au printemps 2019 y contribue. Il faut veiller à ce qu'elles disposent aussi des moyens de construire des projets en direction des non lecteurs, qu'ils soient jeunes ou adultes et élargir notamment les horaires d'ouverture en soirée et le week-end.

A Grenoble, les sciences et les technologies font partie de la culture et du patrimoine. Les activités du CCSTI sont en prise avec les recherches et les technologies du moment. Sa remise sur pied après l'incendie criminel est une urgence.  

Le conservatoire municipal fait partie intégrante de cette politique d'éducation et de formation aux pratiques artistiques de tous ordres, de même que l'école supérieure d'art et design. L'ouverture de ces équipements à d'autres pratiques artistiques (jazz) et à d'autres publics est une tendance à conforter.

Les pratiques des amateurs, de même que les projets participatifs, méritent d'être accompagnés. Un des rôles de la ville est d'encourager la parole partagée, en lien avec l'exercice de la citoyenneté, de favoriser la mise en relation de tous les acteurs et d'encourager et de soutenir des projets communs.

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III. Reconnaître les artistes du territoire

La ville de Grenoble compte de nombreux artistes et compagnies qui vivent, travaillent et créent sur ce territoire ; Ils jouent un rôle essentiel, trop peu valorisé.

Il n'est pas facile de vivre de son art aujourd'hui et c'est pourquoi les attentes de ces artistes sont fortes en direction des collectivités et tout particulièrement de Grenoble. C'est pourtant l’intérêt de tous qu'ils puissent exercer leur art. Il faut travailler sur ces synergies entre collectivités et artistes professionnels et retisser rapidement des liens entre les créateurs et les élus dans le prochain mandat, ouvrir des perspectives, les accompagner et contribuer à leur donner de la visibilité.

Dans le domaine du théâtre, il apparaît nécessaire d'évaluer l'expérience de regroupement du Théâtre 145 et Théâtre de Poche avec le Théâtre municipal. Ce choix a-t-il permis à des compagnies émergentes de disposer d'outils adaptés ? La question reste posée.

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IV. Dynamiser les territoires et valoriser l'espace public (rue, places, parcs)

Animer sur les territoires la synergie entre les différents acteurs de l’éducation populaire et de la culture. Construire avec eux des actions de développement culturel et les accompagner par des conventions pluri-annuelles et pluri-partenaires, permettant à la fois de valoriser ce qui se réalise sur les territoires, et d’installer ces actions dans la durée et la sécurité des acteurs.

Renforcer la fonction d’accueil, de rencontre, de frottements de l’espace public en développant les manifestations telles que la fête des tuiles, et d’autres manifestations de ce type permettant la rencontre, l’événement à vivre ensemble.

Créer des occasions de rencontre et de dialogue entre les habitants et les acteurs de la nuit.

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V. Pour un service public de la culture   

La participation à la culture touche tous les secteurs de la vie des citoyens et concerne donc tous les élus et tous les services. Il faut travailler à l’évolution des services, pour qu’ils soient à l’écoute et au contact des actions des territoires et des acteurs de la culture et de l’éducation populaire. Il faut rendre plus transparents les modes de décisions.

Il faut susciter des liens et de la transversalité entre services, redéfinir le rôle des commissions municipales, prendre en compte l'expertise des acteurs culturels et sortir de la logique de guichet.

Il faut redonner aux habitants le pouvoir d’agir au sein des Maisons des Habitants. Ils pourront alors être mieux associés à la définition de leurs objectifs, en sortant du seul rôle de consommateurs. La ville accompagnera cette démarche d’éducation populaire.

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VI. Favoriser l'émergence de tiers lieux 

Depuis quelques années émergent des projets individuels ou collectifs, souvent à l'initiative de citoyens qui ont envie d'ouvrir et de faire vivre des lieux pluridisciplinaires, permettant de faire tomber les barrières entre les disciplines, conviviaux, parfois simples lieux de rencontres, mais où l'on peut produire des spectacles, donner des concerts, accompagner des projets...

Ces lieux sont souvent fréquentés par des jeunes qui ont fait le choix de vivre intensément ces moments de partage, imprimant leur marque générationnelle avec leur musique, leurs choix culturels ;  C'est l'intérêt d'une ville comme Grenoble d'accompagner ces tiers lieux pour faciliter leur existence et leur donner de la visibilité.

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VII. Développer la coopération à l'échelle métropolitaine   

La vie culturelle du territoire s'exerce aussi aujourd'hui à l'échelle métropolitaine. Certains grands équipements sont désormais placés sous sa responsabilité. Le moment est venu de renforcer la complémentarité des politiques culturelles au sein de la Métropole. La ville de Grenoble a la responsabilité d'être moteur de cette démarche de coopération. Cette  politique métropolitaine renforcée doit permettre de fédérer les élus concernés et de favoriser les échanges de services, de pratiques.. (ex. : la Numothèque à l'échelle de la Métropole). Elle pourrait inclure une mutualisation des actions de formation des animateurs du péri scolaire.

La métropole est aussi l'échelle pertinente pour :

  • Valoriser les productions artistiques et contribuer à leur diffusion sur un territoire plus large.

  • Soutenir et créer des événements qui fassent exister la métropole dans l'imaginaire de ses habitants et créent du lien entre eux. En commençant par reconnaître et développer les initiatives ayant acquis ce rayonnement à l'échelle de la Métro - et même au-delà - comme par exemple les Détours de Babel, les Arts du récit, le festival de Street art. . .

  • La Métro a aussi la responsabilité de diffuser les connaissances scientifiques permettant à un large public de mieux appréhender les enjeux des transitions écologiques nécessaires.

  • sans oublier le soutien actif à des expériences menées au profit de publics en difficulté accompagnés vers des pratiques culturelles artistiques.

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