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À propos de lucioles
 

La survivance des lucioles

Le texte de Pier Paolo Pasolini sur la situation politique de son pays, “Le vide du pouvoir en Italie”, publié dans le Corriere della Serra le 1er février 1975, soit quelques mois avant sa mort, reste aujourd'hui une balise pour situer l’exigence de culture dans le projet politique.

Ce texte a été par la suite identifié par le titre « La disparition des lucioles ».

(...) « Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique, et surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois). Ce quelque chose qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons donc « la disparition des lucioles ».

P. P. PASOLINI Écrits corsaires (p.-p. 180-189).

Pour Pasolini, la métaphore des lucioles permet d’évoquer les petites lumières susceptibles d’éclairer notre vie quotidienne en contre-point des faisceaux lumineux projetés sur la vie sociale par les projecteurs dirigés par la communication, les industries culturelles et les manœuvres du pouvoir politique. 

En choisissant les lucioles comme métaphore d’une société révolue, Pasolini, tel un veilleur de nuit, cherchait à pointer les derniers scintillements d’une civilisation. Celle d’une culture qui, partout en Europe, allait être absorbée par la marchandisation, l’uniformisation, l’utilitarisme…

"Les lucioles n'ont disparu qu'à la vue de ceux qui ne sont plus à la bonne place pour les voir émettre leurs signaux lumineux". 

Georges Didi-Huberman - Survivance des lucioles

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