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Rendre compte

 

Il faut rendre compte de ce qui s’est dit entre ceux qui ont voulu faire ensemble un bout  de « chemin pour faire du commun » en participant à la rencontre du Forum des lucioles du 14 novembre. Rendre compte à ceux qui n’étaient pas disponibles.

Avant même de restituer une partie des paroles exprimées dans les témoignages et les exposés, il faut noter les résonances entre ce qui s’est dit ce jour-là et l’irruption de la violence, de la sidération, de l’incompréhension de ce qui s’est passé la veille, durant ce vendredi noir où la mort aveugle portée par des fanatiques a frappé des hommes et des femmes de toutes origines et de toutes croyances.   

 

L’urgence d’aborder les questions de diversité culturelle et de droits culturels est, aujourd’hui, d’autant plus forte que les victimes des attaques terroristes ont été assassinées dans des lieux délibérément choisis en raison de la mixité culturelle des lieux de vie de populations d’origines sociales et ethniques diverses, dans des espaces consacrés à des pratiques festives et à des événements artistiques. Dans leur folie meurtrière, les tueurs se sont attaqués à une société dont la réalité vécue témoigne chaque jour du droit de chacune et de chacun de vivre dans le respect et la reconnaissance de l’autre.

Ce qui s’est passé  le 13 novembre à Paris est la manifestation, après le 11 janvier, d’un phénomène mortifère qui germe et murit dans les interstices du social, dans les fractures culturelles, dans l’idéologie totalitaire qui refuse l’existence de l’autre..

 

Les paroles, les débats, les échanges de notre première rencontre du Forum des lucioles en ont été affectés. Et par un processus inverse, ce qui s’est formulé dans les prises de parole dans les ateliers, les témoignages, les mises en contexte des questions de diversité culturelles et de droits culturels, nous apportent les armes rationnelles et la compréhension sensible pour s’opposer à la logique identitaire. Celle-ci s’enferme dans la coupure et la séparation ; elle conduit à la peur de l’autre et à la fermeture sur soi.  

Le processus citoyen qui pose la nécessaire rencontre entre la culture et l’éducation, ainsi que la volonté de prolonger la démocratie politique par une démocratie culturelle qui est d’abord « un mode de vie associée, d’expériences communes et communiquées », pour citer le philosophe John Dewey, fonde nos débats. Ces derniers doivent se prolonger dans une démarche à construire avec tous ceux qui se sentent concernés, à un titre ou à un autre. Éducateur, acteur culturel, artiste, participant de la société civile, élu(e) politique, c’est à nous qu’il appartient de participer à l’élargissement du champ des activités partagées.

 

Une des premières orientations dégagées dans cette rencontre est de considérer que la culture n’est pas un secteur séparé de la vie sociale.

La seconde est de dire que la culture doit est une démarche transversale qui permet à l’individu, membre d’une société, de se construire comme personne, dans sa subjectivité, sa responsabilité et sa capacité à exercer une prise de parole pour accéder à la reconnaissance de ce qu’il est.

Enfin, c’est par la richesse des relations entre les personnes et le développement des puissances de la coopération que nous pourrons exercer nos droits culturels qui ne relèvent pas du  juridique mais de l’éthique.

En poursuivant ces trois directions, nous pourrons créer les conditions du Vivre-ensemble et donc faire “Humanité ensemble”.

 

Les pratiques culturelles qui relèvent de la relation entre les personnes, tout comme les pratiques artistiques qui mettent en forme l’imaginaire, sont les constituants du trait d’union susceptible de connecter l’expérience de la personne  et l’expérience collective, faite d’histoires et de mémoires multiples.

 

Rendre compte de notre rencontre, et c’est ce que nous ferons de manière détaillée très vite, est le moyen de faire partager les questions posées, de construire ensemble les jalons des prochaines rencontres, de connecter les volontés et les initiatives pour forger un sentiment d’appartenance qui soit aussi un sentiment de vie en commun. Plus que jamais, le devoir de culture, dans la diversité de ses formes et de ses expressions, est un devoir du politique et c’est celui des citoyens.

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